La question de la culture n’est pas celle du ministère

 

La question de la culture n’est pas celle du ministère

Amazon, Éducation nationale et critique sociale

Par le groupe des 451 pour les métiers du livre

 

Tribune publiée dans Le Monde en date du vendredi 21 mars 2014 sous le titre « La loi anti Amazon ne règle rien »

La loi « anti-Amazon » présentée par le ministère Filippetti (qui ne sera vraisemblablement discutée au niveau européen qu’en septembre 2014) a été accompagnée de déclarations émues pour la défense du livre et de ses métiers, dans un front uni du gouvernement, des libraires et des éditeurs. En proposant d’interdire au géant de la vente en ligne de cumuler les 5% de remise légale et la gratuité des frais de port, l’exception culturelle française entend résister à l’hydre aux mille serveurs venue du Nouveau Monde. Les apparences sont sauves.

Les apparences seulement, car cette mesure n’est en somme qu’une rustine posée à la va-vite sur la seule idée du Parti socialiste en la matière depuis quarante ans : la loi Lang, fixant un prix unique aux livres et atténuant ainsi les effets de concurrence. Sans cela, la situation du livre en France serait depuis longtemps semblable à celle des autres pays européens : majoritairement vouée à la concurrence mondialisée par internet et perdant peu à peu forme et contenu, comme les fruits prétranchés, cultivés hors-sol et cellophanés d’un Macdonald’s. Mais cette loi, à l’allure généreuse, n’aurait pourtant eu que peu d’effets si elle ne s’était accompagnée d’une injection permanente de fonds publics et d’ingénieux procédés comptables : en ce qui concerne les librairies par exemple, la possibilité de retourner les invendus au distributeur permet de limiter considérablement les pertes. Pour le dire autrement, l’argent tourne en rond, et si la chaîne du livre n’a pas vocation à générer des bénéfices faramineux, elle a pourtant su charmer les banques et les grands groupes financiers en sécurisant leurs investissements.

Avec ses à-côtés, La loi Lang a ainsi permis d’équilibrer le nombre de best-sellers industriels avec celui des risques éditoriaux – et au château de cartes de ne pas s’effondrer. La librairie de quartier a survécu en même temps que les grands groupes se sont immiscés dans le secteur du livre, à l’image de Lagardère dont le capital circule librement entre des hélicoptères militaires et les meilleures ventes d’Hachette, Fayard, Grasset, Stock, etc.

Or à propos de ce grignotage de la culture et de l’édition françaises par des multinationales à la pointe du libéralisme, les socialistes n’ont rien dit ni fait. Pas plus qu’ils n’ont élevé la voix quand la vente en ligne et la numérisation sauvage de tout ce qui avait un potentiel commercialisable se sont imposées. Et c’est en sauveur de l’emploi qu’Amazon a été accueilli en France, malgré son marketing agressif, sa robotisation à outrance d’une main d’œuvre domestiquée par l’intérim et ses évasions fiscales boostées par les exonérations d’impôts.

Au cours de l’enquête menée par le groupe des 451 depuis un an sur les métiers du livre, il apparaît que l’obligation de payer les frais de port imposée au richissime Jeff Bezos vient un peu tard. Aujourd’hui, tous les diffuseurs-distributeurs et tous les éditeurs, du plus petit et indépendant au plus gros et vorace se retrouvent avec la même corde au cou. C’est cet état de fait que tout le monde feint d’ignorer dans le secteur du livre : la menace du client unique s’est concrétisée – la part d’Amazon dans la vente des fonds (c’est-à-dire hors nouveautés) oscille entre 40 et 70%, en France, comme partout dans le monde. Un point de non-retour a été franchi : la création littéraire et la critique se retrouvent dans une situation inédite d’allégeance vis-à-vis d’un seul et unique vendeur, lequel peut désormais, selon son bon vouloir, augmenter ses marges et infléchir les choix des diffuseurs et des éditeurs.

Après avoir conquis le marché de la vente, Amazon prévoit de s’approprier celui de l’édition en remplaçant les livres par des tablettes numériques (Kindle). Or, malgré d’importants efforts en communication et d’incommensurables dépenses publicitaires, les pratiques de lecture n’évoluent que timidement vers le numérique en France (5% des lecteurs selon le ministère de la Culture, dont 3,8 via des programmes publics). Pour qu’Amazon voit son rêve réalisé, il faudra attendre les effets du gouvernement actuel qui, en même temps qu’il peine à faire payer ses timbres à Amazon, prépare l’école à « entrer dans l’ère du numérique ». Le projet d’un enseignement 2.0 de M. Peillon suit en cela celui initié par M. Hollande lorsqu’il était président de région en Corrèze et qu’il offrait des iPads et des ordinateurs portables à tous les collégiens et lycéens de son fief, grâce aux fonds publics.

Telle est la grande idée du Parti socialiste pour la culture, plus de quarante ans après celle de M. Lang. Pas de défense des métiers du livre, pas de réforme conséquente de l’éducation, pas d’action courageuse contre les injustices sociales liées aux inégalités de territoire. L’effort se veut concentré sur le miracle de l’high-tech, l’achat de tablettes et autres logiciels pour la gestion des flux d’élèves, soit 10 millions de jeunes clients potentiels pour l’industrie numérique. Déjà aujourd’hui, les enseignants, soumis à l’ENT (Environnement numérique de travail), doivent s’adapter en hochant de la tête à cette intrusion décomplexée de l’entreprise dans l’école, quels que soient les problèmes liés à leur équipement défectueux, à l’absence de formation, à la médiation de leur mission pédagogique par des machines ou aux problématiques sociales de leurs élèves.

Or à mesure que le stand numérique du salon du livre grossit chaque année, se joue l’avenir du livre et, avec lui, celui de certains modèles de transmission, d’apprentissage, de concentration, d’éveil, de recherche et de rythmes de pensée. Si les livres viennent à disparaître des écoles, qu’adviendra-t-il de la temporalité qu’ils contiennent dans leurs pages et des relations humaines qui s’y tissent ? Une sourde révolution culturelle est en cours qui détermine à la fois les capacités cognitives et le potentiel critique de la jeunesse d’aujourd’hui et de demain en les soumettant aux exigences d’efficacité et de rapidité véhiculées par le numérique. Devant une telle situation, ce n’est pas à Mme Filippetti ni à M. Peillon de dire ce que doit être ou ne pas être la culture, mais c’est aux communautés de parents, de lecteurs, d’élèves, d’enseignants, de libraires, d’éditeurs, de diffuseurs, d’imprimeurs, d’auteurs, etc., de penser des organisations mutualistes et coopératives qui soient à même de conserver le peu d’indépendance qui nous reste, et de fabriquer la société de demain, avec une technologie remise à sa place.

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ECRAN TOTAL 2 : Rencontre à Lyon pour s’opposer à la gestion et à l’informatique dans nos activités

Bonsoir et bonne année, bien bonne, vraiment, et puis aussi :

La réunion publique mensuelle prévue le lundi 3 février, sera annulée pour cause de :

iiiiiiii   ECRAN TOTAL 2    !!!!!!!!!!!

Donc pas souci, pas d’inquiétude, les 451 continuent le sourire haut et la flèche légère, le bassin pimpant et la rate fuselée leurs belles aventures.

Le prochain rendez-vous aura lieu le lundi 3 mars.

En attendant, précipitez-vous à :

iiiiiiii   ECRAN TOTAL 2    !!!!!!!!!!!

Souvenez-vous, en octobre 2013, divers collectifs et individus venus de toute la France s’étaient réunis à Montreuil durant 3 jours pour partager les luttes qu’ils menaient chez eux concernant l’avancée du nouveau management et de l’informatique à outrance.

Voir ici : http://les451.noblogs.org/post/2013/09/23/ecran-total-rencontre-pour-vous-liberer-de-linformatique-et-de-la-gestion/

Des professeurs soumis à l’Environnement numérique de travail (ENT), des libraires remplacés par des robots et des rayons de supermarché, des menuisiers dépossédés de leur savoir-faire par la normalisation et la modélisation de leur pratique, des chômeurs obligés de parler à des serveurs informatiques, des assistantes sociales refusant de remplir des statistiques relevant plus du contrôle des populations que du sentiment social, des bergers menacés de lourdes sanctions financières parce qu’ils refusent l’avalanche des contrôles bureaucratiques et l’identification électronique de leur troupeau…

Bref, des réalités à première vue éloignées et des logiques similaires d’assujettissement : tout est aujourd’hui fait pour que les décisions qui comptent dans notre existence soient déléguées à des machines ou à des administrations, à des élus ou à des industriels.

Parce que nous avons besoin de nous rencontrer et de prendre du temps ensemble, vous êtes toutes et tous invité-e-s à Lyon pour continuer les discussions entamées ou en amorcer d’autres, le dernier week-end de janvier.

***

Vendredi 31 janvier, samedi 1er et dimanche 2 février
à l’Atelier des Canuts
Rue Montesquieu, Lyon 7e
Métros Saxe-Gambetta / Jean Macé

***

Vendredi 31 / 19h : Réunion publique avec des présentations du groupe des 451 pour les métiers du livre, puis de professeurs et de médecins et débats.

Samedi 1 / après-midi : Discussions à propos d’actions proposées et imaginables.

Dimanche 2 : Prolongement des discussions de la veille, à partir de récits d’expériences d’entraide dans le milieu agricole et de textes autour de la question syndicale et de ses impasses, pour peut-être imaginer d’autres modèles.

***

CONTACT : ecrantotal@riseup.net

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Quels lieux pour le livre ? / 4 novembre 2013

Bonjour.

Vous êtes convié-e-s pour imaginer avec nous de nouveaux lieux pour le livre.
Au-delà des 451, seront présents : des librairies (associatives, marchandes,
officielles ou officieuses, de neuf ou d’occasion), des éditions (des petites,
des grandes, des bleues, des noires, des à pois, des caméléones), des
correcteurs et -trices, des graphistes, des lecteurs et lectrices, etc.

–>Le lundi 4 novembre au Zabar, 116, rue de Ménilmontant dans le 20e
arrrrrrrrrrrondissement à 20h.

En special guest, une huitaine d’italien-ne-s seront là, qui ont occupé
pendant un an une librairie (Ex-Cuem) dans la faculté de Milan pour fabriquer
un lieu expérimental entre livres et musique, institution et résistance –
avant l’expulsion brutale par les forces de l’ordre.

Cette discussion s’insère dans le cadre d’une enquête indépendante à laquelle
participe les 451, dans le but de réaliser un manifeste européen sur les
métiers du livre.

A partir d’un partage d’expériences existantes et de nos rêves les plus
sincères, nous chercherons à imaginer ensemble des lieux capables de résister
à la marchandisation de la culture, à l’administration de nos existences et à
la morosité des temps modernes.

Avons-nous des critiques à formuler aux librairies et bibliothèques
actuelles ?

Comment modifier les lieux existants ?

Quelles expériences du passé peuvent nous inspirer ?

La lecture a-t-elle besoin de lieux ?

Que pouvons-nous utiliser dans les nouvelles technologies qui aide la lecture
et la critique plus qu’elles ne les détruisent ?

Quelles sont les limites de la logique marchande ? Quelles sont celles du non-
marchand ?

Les librairies peuvent-elles proposer un fond et pas seulement des
nouveautés ?

Les lieux pour le livre sont-ils voués à une élite intellectuelle ?

Les bibliothèques sont-elles populaires ?

Etc.

Venez nombreux !

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Odei : Manifeste des éditeurs indépendants (Italie)

Le collectif des 451 (pour la constitution d’un groupe interprofessionnel d’actions et de réflexions autour des métiers du livre) a publié un Appel en septembre 2012. Depuis, les membres du collectif ont organisé de nombreux rassemblements publics autour de la marchandisation du livre, de la numérisation des pratiques de lecture et de la concentration des capitaux via internet.
En mai 2013, les 451 ont rencontré deux autres collectifs (d’éditeurs) à Madrid. Le premier s’appelle Contrabandos et rassemble une quinzaine d’éditeurs espagnols. Le second se nomme ODEI, Observatoire des éditeurs indépendants, et compte 79 maisons d’édition (la liste complète est disponible à la fin de ce texte).

En décembre 2012, l’ODEI publiait un Manifeste diffusé à plus de 5 000 exemplaires pour dénoncer la situation de crise des éditions indépendantes en Italie et le danger qui pèse actuellement sur la bibliodiversité. Comment une culture critique, ouverte et diversifiée peut-elle continuer d’exister quand deux ou trois grands groupes se partagent le pouvoir sur la production, la diffusion et la vente de livres en Italie, c’est la question que pose le collectif.
Loin d’en rester à une plainte d’intellectuels dépassés par le progrès et la finance, l’ODEI propose également, en guise de conclusion, neuf outils destinés à repenser la question du livre et plus largement de la culture, avec une perspective d’émancipation collective. Que l’on soit plus ou moins d’accord avec ces propositions, le Manifeste de l’ODEI donne à voir une réalité partagée avec l’Italie et permet de poser les bases d’une discussion en vue des Rencontres internationales sur les métiers du livre qui auront lieu à Rome au printemps 2014, à l’initiative des 451, de l’ODEI et de Contrabandos.

La traduction (réalisée par Claire Féasson et Damien Almar) du Manifeste en question est à lire et à télécharger sur Article 11, ici : ODEI Manifesto (traduction française).

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Ecran Total : Rencontre pour se libérer de l’informatique et de la gestion

Ecran total
PROGRAMME

 

Vous êtes conviés à un week-end de rencontre
pour vous libérer de l’informatique et de la gestion

les 4, 5 & 6 octobre 2013

à la Casa poblano,

15 rue Lavoisier 93100 Montreuil
Métro Robespierre
.

  Affiche Ecran total

ecran total programme

Un groupe d’éleveurs refusant le puçage de leurs bêtes, des assistantes sociales qui boycottent la mise en place d’un dispositif d’enregistrement informatique de l’intimité des personnes, des enseignants qui voient d’un même mauvais œil Base-élève et la numérisation de l’école, des soignants qui ne supportent pas que l’on essaye de contenir leurs pratiques dans un algorithme…Au carrefour de ces luttes et de ces questionnements se trouve une opposition au déploiement de l’informatique à des fins gestionnaires.

Nous perdons ces marges de manœuvres qui font que nous pouvons encore trouver du sens à nos pratiques. Nous ne souhaitons pas soumettre des relations complexes à un protocole rigide, les transformer en simple traitement de données, avec le contrôle que cela implique pour tous (tant pour les usagers que les professionnel-le-s). Quel progrès y a-t-il dans cette injonction à normaliser, à quantifier, à chiffrer, à informatiser, à ficher ? Nous refusons de croire qu’un intérêt supérieur se cache derrière ce qui s’apparente à  une logique capitaliste puissante, stimulée par des forces économiques en mal de « confiance » et en difficulté pour réguler la division toujours plus complexe des activités et du travail.

Les limites de nos réactions et de nos oppositions tiennent d’abord dans notre embarras à bien nommer et décrire ce qui nous est fait, et à se sentir en mesure de porter d’autres désirs, d’autres formes d’attentions, d’autres valeurs, d’autres logiques. Elles tiennent aussi – c’est ce dont nous nous sommes aperçus, et ce qui fonde notre démarche – d’un manque de liens entre celles et ceux qui souhaitent résister à ces évolutions.

Comment pouvons-nous nous unir pour refu­ser les incessantes compromissions qu’on nous demande au travers du management, du fichage généralisé et de l’informatique ? Voilà la question, en forme de désir, qui tramera ces rencontres.

***

Programme des trois jours

Vendredi 4 octobre
à la librairie Michèle Firk
9 rueFrançois Debergue
Montreuil
M° Croix de Chavaux

19H :
Accueil des participants au week-end autour d’un repas composé de ce que chacun-e apportera à boire et à manger.

***

Samedi 5 octobre
à la Casa Poblano
15, rue Lavoisier
Montreuil
M° Ropesbierre

 

à 9h30
Présentation des personnes et des collectifs en réflexion et en lutte. Discussion à partir des écrits des un-es et des autres échangés en amont. Qu’attendons-nous les un-es et les autres de ce week-end de rencontre ?

Possibilité d’un déjeuner végétarien et payant (plat 5/6€) sur place.

 

à partir de 14h00        
Grande réunion publique

Comment résister aux obligations de ficher, de quantifier, de gérer et d’informatiser au travail et dans nos vies ?

–    Raisons et récits de luttes des éleveurs contre le puçage de leurs bêtes

–       Saynètes des assistantes sociales contre le fichage des familles et le recueil déchainé de statistiques

–       Intervention d’un enseignant du secondaire contre le numérique à l’école

–       Raisons et récits de la lutte des 451 réunissant différents métiers du livre.

Place au débat et à la discussion.

 

à partir de 19h00
Possibilité de se restaurer deux plats (avec et sans viande) à prix libre. Boissons payantes.

Projection de deux films : Contrôle en bande organisée et Anomalies contre le puçage des bêtes. Env. 25mn

Concert :  Les Absents  punk, beat box, yukulélé, blues désertique, des mensonges, des mouettes, du cul et des présidents.
Booyo & Jenny : yukulélé, beat box, guitare, voix

 

***

 

Dimanche 6 octobre
à la Casa poblano

à 10h30
Retour sur les échanges du samedi

 

à 14h00
Discussion pratique sur les perspectives à ouvrir ensemble, les solidarités à nouer entre les différents groupes et professions : peut-on se contenter de défendre nos métiers ? Faut-il se revoir, et si oui, comment s’organiser compte tenu des distances géographiques entre nous ? Quelles actions envisager ?

***

Table de presse pendant tout le week-end.

***

Pour les besoins en hébergement dans le coin et autres questions, merci de laisser un message sur ecrantotal@riseup.net

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Réunions publiques des 451 : départ le 17 septembre 2013

Bonjour,

Les 451 vous convient à une série de réunions publiques pour la constitution d’un
Groupe d’action et de réflexion sur les métiers du livre.

La première réunion publique aura lieu
au Zabar Café / 116, rue de Ménilmontant,
dans le XXe arrondissement de Paris.

1er rendez-vous : le mardi 17 septembre, 20h
(Puis les premiers lundis de chaque mois.)

Ces réunions, ouvertes à tous, lecteurs et professionnels des métiers du livre, ont pour but de réaliser une enquête indépendante sur le livre et la lecture, leurs dimensions sociales et politiques. Il s’agit également d’inventer ensemble des manières de cultiver une pensée critique et un imaginaire littéraire indépendants et diversifiés.

Si d’autres réunions publiques s’organisaient dans d’autres villes de France, ce serait tellement classe ! A vous voir, donc,

Les 451

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Affiche à imprimer et à diffuser (cliquez sur lien) :

451 reupubliq

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451 : Rapport d’étape

Des nouvelles des 451 :

Bonjour, et accrochez-vous…

L’équipe à l’origine de l’Appel des 451 et des réponses à ses critiques (« La querelle
des modernes et des modernes ») a pris son temps après les rencontres
organisées à La Parole errante les 12 et 13 janvier.

Nous espérons que ces rencontres ont été riches pour toutes les personnes
présentes. Des exposés précis et incarnés ont été partagés par des
importateurs de papiers, imprimeurs, éditeurs, correcteurs, maquettistes,
universitaires, libraires, etc. venus de toute la France et même d’Espagne.
Les débats furent argumentés et animés – inattendus.

—–

Le principal bilan que l’on peut tirer de ces journées tient en deux points :

1.Le moral n’est pas dans les chaussettes. Les personnes présentes ont
témoigné d’un esprit combatif face au bluff qu’essaient de publiciser les
constructeurs de tablettes, liseuses et autres gadgets éphémères censés rendre
obsolètes les savoir-faire qui entourent l’existence des livres. La notion de
temps nécessaire à la qualité éditoriale, esthétique et matérielle d’une
production de livres a été vigoureusement réaffirmée. Le désir de conserver
des lieux, propices aux rencontres et à la consolidation d’un commun, a aussi
été mis en avant avec énergie (youhou !).

2.Ces journées ne furent qu’une première étape, qui ne peut qu’avoir des
suites. Au-delà d’un certain optimisme concernant la situation des métiers du
livre à court terme, des questions restent en suspens. Comment lutter
efficacement contre les conditions de travail mortifères proposées par les
grands groupes, tels qu’ils existaient depuis le siècle dernier et tels qu’ils
se transforment avec la « net économie ». Comment contrer la monopolisation
des capitaux, et, avec elle, des cultures ? Est-il souhaitable de créer une/
des structure/s commune/s d’entraide autour du livre ? Pouvons-nous imaginer
des structures de diffusion/distribution du livre qui ne soient pas simplement
des machines à sous ? Comment pouvons-nous créer des liens avec d’autres
métiers pour que nos luttes ne soient pas à l’avenir corporatistes ; bref,
comment replacer notre engagement particulier dans la question sociale ?
That’s the preguntas.

———————————————–

Après le repos, le turbo : pour tenter de répondre à ces questions, nous avons
entamé plusieurs axes d’action et de réflexion, histoire de ne rien perdre de
la belle intensité des journées de janvier. De nombreuses rencontres sont
aussi prévues, auxquelles vous toutes et tous êtes invité.e.s pour avancer
ensemble sur la situation des métiers du livre :

1/ Des publications (livre + radio) des débats liés aux 451
************************************************
Une transcription exhaustive des discussions est en cours de réalisation, dans
l’optique d’éditer un petit livre compilant l’Appel des 451, La querelle des
modernes et des modernes et les débats de Janvier 2013. D’autres textes
européens, proches des problématiques soulevées par les 451 seront traduits et
ajoutés à ce recueil.
Un compte-rendu plus sélectif sera prochainement diffusé, sous forme de
documents sonores à partir des enregistrements réalisés lors des rencontres de
Janvier 2013.

2/ Fêter les métiers du livre
************************
Les 451 participeront à la Fête du livre et de ses métiers, les 12, 13 et 14
juillet 2013 à Lautrec, dans le Tarn. Débats, ateliers, concerts, spectacles :
une invitation avec le programme de cette fête est à télécharger ci-dessous :

Programme fête du livre

3/ Un manifeste européen
**********************
Les textes des 451, l’Appel et La querelle des modernes et des modernes,
traduits en italien et en espagnol, circulent abondamment dans les milieux
concernés par la question du livre de l’autre côté des montagnes. Les 451 ont
donc pas mal bourlingué ces derniers temps. En avril, nous avons été invités à
Milan, par la librairie occupée de l’Ex-Cuem, à l’intérieur de l’université
Statale, pour participer à des Rencontres sur l’édition indépendante et la
diffusion de livres critiques. Enrichis de ces discussions, les 451
ont participé à l’organisation de Rencontres européennes sur l’édition
indépendante à Madrid, en mai dernier. Étaient présents des
imprimeurs, des correcteurs, des traducteurs, des auteurs, le groupe ODEI (120
éditeurs indépendants italiens ayant rédigé un manifeste commun que nous
sommes en train de traduire), le collectif Contrabandos (30 éditeurs
indépendants espagnols), Pluto Press (éditeur anglais), et pour la France :
les éditions La Fabrique, la librairie L’Atelier, etc. Ces journées madrilènes
ont débouché sur l’organisation de nouvelles rencontres européennes à Rome en
janvier 2014. D’ici là, chacun des participants a pour tâche de réaliser une
enquête sociale sur les métiers du livre, en vue de rédiger un manifeste
européen et de préparer des actions de communication, d’intervention ou de
mutualisation.

4/ Des rencontres régulières pour enquêter sur nos métiers
**************************************************
Des réunions publiques seront tenues tous les premiers lundi du mois, à partir
de septembre 2013, à Paris, au Zabar (116, rue de Ménilmontant, métros
Ménilmontant ou Jourdain). Ces réunions seront ouvertes à toutes et tous et
auront pour but d’élargir le cercle des 451 pour préparer des actions
concrètes et affiner notre réflexion commune. Il s’agira également d’ouvrir
l’enquête sociale liée aux rencontres de Rome à toutes celles et ceux qui le
souhaitent. (Il est évident que si, ailleurs qu’à Paris, d’autres rendez-vous
sont organisés par des groupes locaux, ce serait une belle chose !)

5/ Une rencontre interprofessionnelle sur l’informatique et la gestion
***********************************************************
Les 451 participeront aux discussions d’« Écran Total, rencontre pour libérer
nos métiers de l’informatique et de la gestion » organisées les 4, 5 et 6
octobre 2013 à la Casa Poblano, à Montreuil (15, rue Lavoisier, métro
Robespierre). Nous vous invitons toutes et tous à nous rejoindre à cette
occasion, qui réunira des psychiatres, des psychanalystes, des éleveurs de
brebis, des menuisiers, des professeurs et instituteurs, des travailleurs
sociaux et des professionnels des métiers du livre pour échanger informations,
opinions et perspectives relatives à la transformation de nos métiers par les
logiques de l’évaluation, de la numérisation, du fichage et de
l’informatisation. La présentation de ces rencontres est à télécharger ci-dessous, et à la suite de ces nouvelles.

Ecran Total

En espérant, comme vous, l’arrivée du printemps,

Merci à toutes et à tous,

Les 451

———————————————–

Présentation des Rencontres « Écran Total »

Savez-vous que, depuis 2010, les éleveurs de chèvres et de brebis sont tenus
de fixer des puces électroniques aux oreilles de leurs bêtes ? Certains
s’insurgent contre cette mesure qui renforce le pouvoir de l’administration et
du marché sur leur travail. Risquant de lourdes pénalités financières, ils ont
diffusé des déclarations publiques affirmant leur refus de pucer leurs bêtes
et de gérer leur troupeau par ordinateur comme un flux de matière première.

Savez-vous qu’en 2012, des personnes travaillant dans différents secteurs des
métiers du livre se sont réunies pour écrire « l’Appel des 451 », dénonçant,
entre autres, la concentration des capitaux et la déferlante technologique que
subissent le livre et ses métiers ? Derrière le bluff du « livre numérique »
se cache la réduction des langages et des expressions libres. Le collectif des
451 continue de se battre pour que le livre et ses métiers demeurent un lien,
une rencontre, un objet social, politique et poétique, entouré d’humains.

Savez-vous qu’en 2011, un groupe d’assistantes sociales de Seine-Saint-Denis a
dénoncé publiquement le fichage tous azimuts des personnes s’adressant aux
services sociaux et le recueil déchaîné de statistiques et de données
personnelles ? L’administration veut faire entrer dans leur travail des
démarches de rationalisation du temps, de l’écoute, des dossiers et des coûts.
à travers le boycott des statistiques, elles défendent le fondement même du
travail social : la relation d’aide, inestimable et non mesurable.

Savez-vous qu’en 2011, des médecins-psychiatres se sont opposés au Rimp
(Recueil d’informations médicalisées en psychiatrie), qui implique
l’enregistrement informatique de données personnelles concernant la vie privée
des patients soignés ? Ces médecins isolés ont soutenu leurs patients afin
qu’ils puissent exprimer par écrit leur consentement ou leur refus de
divulguer ce type d’informations.

Savez-vous que depuis 2006, des enseignants du premier degré et des parents
d’élèves s’opposent à la collecte centralisée systématique de données
nominatives concernant les enfants via le Répertoire national identifiants
élèves (ex-Base élèves) ? Ils soutiennent les directrices et directeurs
d’école qui, malgré les pressions et les sanctions exercées par leur
hiérarchie refusent de remplir ce fichier. Par extension, des professeurs du
secondaire remettent en cause la place grandissante du numérique dans les
établissements scolaires, que ce soit dans les pratiques d’enseignement
(ordinateur, tableau interactif, tablette tactile) ou dans la gestion
administrative (cahier de textes numérique, fichiers à données multiples mis
en ligne) ? Ils y voient l’aboutissement de la transformation de l’école en un
lieu où les élèves sont mis en conformité avec les exigences de l’économie :
travail et divertissement assistés par ordinateurs.

« Si tous les trésors du monde étaient déposés à mes pieds, et s’il m’était
donné de choisir entre eux et ma liberté, je choisirais ma liberté. » L’Émir
Abdelkader

« Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil. » Ivan Illich

La liste est longue de celles et ceux qui récusent l’influence de
l’informatique sur leurs pratiques socioprofessionnelles : un groupe
d’éleveurs par ci, une poignée de soignants par là, un enseignant ici. Les
refus de pucer des bêtes, de participer à l’enregistrement informatique de
l’intimité des personnes, ou de donner une forme numérique à un livre, peuvent
apparaître éloignés les uns des autres. Ils renvoient pourtant à une même
logique de déploiement de l’informatique, à des fins gestionnaires, qui touche
de nombreux métiers.

Cette logique réduit les marges de manœuvre, sape les poches de dignité que
beaucoup d’hommes et de femmes tentent de préserver au quotidien, en ville
comme à la campagne. Elle contraint à nous auto-évaluer, à prouver notre
utilité et à normaliser nos savoir-faire et nos relations aux personnes comme
aux bêtes que nous écoutons, soignons et rencontrons.

Il est difficile d’aller à contre courant de l’informatisation quand elle est
sans cesse présentée comme source de progrès, d’efficacité, de rapidité et
d’équité. Et pourtant nous la soumettrons à la critique parce qu’elle
transforme nos métiers et les relations que nous y tissons ; ces métiers que
nous avons choisis d’exercer parce que nous y trouvons du sens.

Nous préférons ouvrir en commun la question du « comment faire sans », et
imaginer un retour à l’éthique, à la protection de l’intime et de notre
dignité. Asseyons-nous autour d’une même table pour parler de nos pratiques et
de nos savoir-faire, de nos recettes et de nos espérances. Regroupons nos
livres, nos bêtes, nos patients, nos familles autour du foyer.

À terme, une question en forme de désir : Comment pouvons-nous nous unir pour
refuser les incessantes compromissions qu’on nous demande de faire avec
l’informatique ?

Nos métiers… à tisser

Nous préparons, de manière collective avec les personnes qui se manifestent au
fur et à mesure, un week-end d’échange afin d’approfondir les points communs
apparents entre nos métiers et d’élaborer des stratégies d’appui mutuel entre
ces différents groupes ou personnes.

Les rencontres débuteront le vendredi soir avec un accueil convivial des
participants, histoire de mieux nous connaître. Une première discussion aura
lieu sur la base des écrits respectifs de chacun, qui auront circulé les mois
précédents. Le samedi après-midi, une rencontre publique se tiendra avec des
récits de luttes sous forme orale ou théâtrale, pour ensuite discuter tous
ensemble. Le dimanche, on discutera entre autres des modalités d’une
solidarité entre les différents participants.

Ces rencontres sont organisées à l’initiative de : Faut pas pucer et d’autres
éleveurs réfractaires au puçage, le collectif des assistantes sociales et
secrétaires de Seine-Saint-Denis, le groupe 451 pour les métiers du livre, des
médecins-psychiatres opposés au fichage des patients, la branche roannaise du
syndicat des travailleurs de l’éducation de la Loire.

Contact : ecrantotal@riseup.net

(Un programme plus détaillé sera diffusé en septembre.)

Rendez-vous les 4, 5 & 6 octobre 2013 à la Casa Poblano, 15, rue Lavoisier Métro Robespierre 93100 Montreuil

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451 : Programme des rencontres des 12 & 13 janvier

En 2012, des personnes travaillant dans différents secteurs des métiers du livre se sont réunies pour écrire un appel dénonçant la concentration des capitaux, l’industrialisation des professions, la séparation des acteurs et la déferlante technologique que subissent aussi les métiers du livre.
Intitulé Appel des 451, le texte est paru dans Le Monde en septembre 2012, signé par des centaines de professionnels ou de lecteurs, reconnaissant là une base suffisante pour entamer des discussions sur l’avenir de nos métiers, des pratiques de lecture ou des bouleversements anthropologiques et sociaux qu’entraînent la gestion et l’informatique généralisées.
Un second écrit, plus développé, répondait aux premières critiques, positives et négatives que le collectif des 451 a reçues suite à la publication de l’Appel. Ce texte, « La querelle des modernes et des modernes », tente de donner quelques pistes de réflexion pour penser l’actualité économique, sociale et technique de la chaîne du livre.

Dans la perspective de mutualiser nos moyens, de créer des structures plus coopératives et de mener des actions et des réflexions, le collectif des 451 lance une invitation à participer à deux journées d’ateliers et de discussions autour de ces problématiques. Y sont conviées toutes les personnes qui travaillent dans la chaîne du livre, tous les lecteurs et lectrices qui le souhaitent.

Le programme est à télécharger ici :

programme451 1213janv

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Les rencontres auront lieu à La Parole errante, 9, rue François Debergue, Montreuil.

Métro Croix de Chavaux, ligne 9.

SAMEDI 12 JANVIER
DE 13h à 19h30

GRANDE DISCUSSION

Différents travailleurs de la chaîne du livre présenteront les enjeux, les difficultés et les évolutions de leur métier. Moment pour échanger les connaissances des professionnels : de la fabrication à la mise en vente, de l’écriture au partage, du papier jusqu’à la librairie en passant par sa rédaction. Ce sera l’occasion de confronter les intérêts de chaque secteur les uns par rapport aux autres, et de poser sur la table ce qui rapproche ou sépare les différentes activités qui participent à la réalisation de l’objet livre et à la diffusion des idées. Quels sont les contradictions, les mécanismes de pouvoir, les impasses et les perspectives communes ?

13h, avec la participation de :

• Pierre Barki, importateur et distributeur de papiers, PDG de Barki Agency.
• Fréderic Lenoir, PDG de l’Imprimerie coopérative ouvrière de Dijon.
• Benoît Virot, responsable des éditions Attila.
• Une personne travaillant pour Les Belles Lettres Diffusion.

14h, Discussion en assemblée

15h, avec la participation de :

• Yves Pagès, responsable des éditions Verticales.
• Alexandre Mouawad, maquettiste.
• Christophe Versailles, membre du syndicat des correcteurs.
• Frédéric Ciriez, écrivain.

16h, discussion en assemblée

17h, avec la participation de :

• Olivier Michel, libraire de l’humeur vagabonde.
• Cécile Videcocq, déléguée du personnel et responsable CHSCT aux éditions Seuil.
• Un-e responsable syndical à la Filpac CGT.
• Un-e bibliothécaire municipal de la Ville de Paris.

18h, discussion en assemblée

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19h30, FIESTA DE LIBROS

repas copieux pour 6€ (préparé par Ivane et Sidonie)

bar et tables de presse (organisés par la librairie Michèle Firk)

pouvoir point (un One man show d’Yves Pagès)

concerts (Les lapins superstar + invités-surprises, en acoustique)

BOUM (DJ Michel !)

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DIMANCHE 13 JANVIER

DE 13h à 16h : DISCUSSION SUR LE NUMÉRIQUE

Après un exposé par des membres du collectif des 451 au sujet de la vente en ligne (Amazon, Decitre, etc.), différentes personnes viendront parler des transformations induites par la numérisation des documents dans leurs pratiques.

13h, avec la participation de :

• Natacha et Ferdinand (451) sur la vente en ligne.
• Marc Lepoivre, chercheur à l’EHESS en anthropologie des techniques.
• Amandine Mussou, professeure de Littérature française et comparée.
• Guillaume Normand, archiviste au Centre d’action sociale de la Ville de Paris.
• Michel Valensi, responsable des éditions de l’éclat.

14h, discussion en assemblée

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DE 16h à 19h : QUELLES PERSPECTIVES COMMUNES ?

16h, avec la participation de :

• Alfonso Serrano (Madrid), responsable des éditions La oveja roja,
et membre du collectif d’éditeurs espagnols Contrabandos.
• Viviana Chamelta (Madrid), membre fondatrice de la coopérative
d’édition/diffusion/librairie madrilène Traficantes de Sueños.
• Fabrice Domingo (Toulouse), responsable du café-librairie Terra Nova.
• Benoît Jacques, auteur, illustrateur, auto-éditeur.
• Hugues Calvet Lauvin, libraire pour la librairie Envie de lire, Ivry-sur-Seine.

17h, discussion en assemblée

19h (environ) : FIN

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DURANT LES 2 JOURS :

FABRICATION D’UN LIVRE AVEC L’ATELIER AUTONOME DU LIVRE

L’atelier autonome du livre de Mosset (Pyrénées Orientales) proposera à tou-te-s les participant-e-s la réalisation d’un documentaire graphique collectif et un poil surréaliste des discussions des 12 & 13 janvier.

étapes :
La phrase – on choisit une phrase entendue, lue aux assises. Une phrase intelligente, intéressante, débile, drôle, informative, etc., qui retourne le bide, fend le cœur, enthousiasme…
Le collage – on illustre cette phrase d’abord en faisant un collage à partir de documentations fournies par l’Atelier autonome du livre.
La gravure – on pose sa plaque de plexi/rhénalon sur le collage et on « décalque » avec une pointe sèche le collage, ce qui n’interdit pas évidemment d’agir dessus. En incorporant dessous la phrase (écrite sur du calque puis retournée : elle doit être gravée à l’envers).
L’impression – on encre au rouleau la plaque, on enlève le surplus au chiffon, on fait des effets de bordures, des effets de masse, etc., et paf ! on pose la plaque, la feuille par-dessus et on imprime.
En option, la touche de couleur : une touche de couleur avec des encres maison.

Résultat :
– un tirage sur feuille A3, par exemple d’une gravure bien plus petite (A5), ou A4/A6. Bref un décalage entre le format de la feuille et celui de la gravure. Plus beau.
– un livre grand format collectif. Reliure jap ou zigzag ? Qui pourra éventuellement faire l’objet d’une autre publication, etc.
– une double expo au fur et à mesure des impressions : celle des plaques de plexi gravées, dont on peut par exemple tapisser les fenêtres, celle du tirage que l’on garde sur des fils avec pinces à linge.

EXPOSITION SUR L’ÉCRITURE EN AFRIQUE NOIRE

 

 

 

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La querelle des modernes et des modernes

La querelle des modernes et des modernes

Réponse aux critiques et développement de l’argumentaire
de l’Appel des 451 sur les métiers du livre

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Voici en version téléchargeable une brochure de 40 pages qui vient d’être imprimée à 2000 exemplaires (1er tirage), et qui amorce un argumentaire plus développé de l’Appel des 451 publié en septembre 2012. Nombre des critiques que le collectif des 451 a reçues depuis la parution de l’Appel sont étudiées dans ce texte. Il s’agit d’un document de travail intermédiaire, en préparation des rencontres nationales des 12 et 13 janvier 2013 à la Parole errante, à Montreuil, sur les métiers du livre. Un programme détaillé de ces rencontres sera disponible dans les semaines à venir.

Pour nous contacter : les451@riseup.net

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Querelle des modernes [Lecture écran ou page par page]

Querelle des modernes [Cahier imprimable]
La brochure est mise en page dans l’ordre de la reliure et non de la lecture, c’est-à-dire que la première page fait face à la dernière, etc. Pour les assembler, il vous faut les imprimer directement en recto/verso si votre imprimante permet de le faire dans le bon désordre (faîtes un essai), ou bien alors tirez chaque page, puis photocopiez les en recto/verso en mettant les pages tête-bêche : le texte toujours vers vous mais un coup vers le haut (numéro de page en bas, image dans le bon sens), un coup vers le bas (numéro de page en haut, image à l’envers) et etc. C’est trop fastoche.

 

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SOMMAIRE :

07 / Introduction
11 / L’objet livre
20 / Les mythes numériques
29 / Pistes
31 / Appel des 451
35 / Pot-pourri des commentaires à l’Appel des 451

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INTRODUCTION

Formant un collectif de personnes travaillant dans différents secteurs du livre (diffusion, imprimerie, bibliothèque, librairie, édition, correction, etc.), nous nous sommes réunis pendant plusieurs mois pour discuter ensemble de l’actualité de nos activités et des problèmes politiques et sociaux que nous partagions. De manière à mettre en discussion les idées que nous échangions, nous avons décidé de diffuser un texte commun paraphé par diverses personnes, partageant notre constat ou, à tout le moins, manifestant l’envie d’en débattre. Dans l’édition du Monde daté du jeudi 6 septembre 2012 (papier et internet) une tribune paraissait sous le nom d’Appel des 451, en référence au roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451, où nous faisions état d’un malaise ressenti dans les métiers du livre et d’une volonté d’agir.
Lors de la parution, nous avons découvert que les responsables de la rubrique « Idées » du Monde avaient choisi de mettre en avant les noms de « personnalités » ayant signé cet appel, au détriment de la construction collective du texte. Omettant une virgule, ils laissaient également entendre que nous étions 451 membres dans le collectif, oubliant la référence au livre de Bradbury. Cela a pu créer une ambiguïté, indépendante de notre volonté, quant à l’origine de l’appel : certains lecteurs ont cru qu’il avait été rédigé par messieurs Agamben, Butel et Nadeau, alors qu’ils ont simplement soutenu les idées qu’il comportait, au même titre que la centaine d’autres signataires qui les accompagnaient. L’idée de précisément quatre cent cinquante et une personnes réunies autour d’un arbre et de ces trois écrivains, écrivant un texte à neuf cent deux mains, nous a bien fait rire, mais nous avons fait notre possible pour lever le doute, et, sur la version internet du Monde, les choses sont à présent plus claires. Il nous semble néanmoins que ce léger incident est sans conséquence sur la teneur de l’Appel. Tout au plus, cela rappelle les travers de certains médias qui donnent plus de valeur à la parole experte et patentée qu’à celle des gens ordinaires.
Depuis cette publication dans Le Monde, l’Appel des 451 est également paru dans les journaux La Reppublica en Italie et Diagonal en Espagne. Il a été relayé par de nombreux blogs spécialisés et affiché dans certaines librairies. Nous prenons le temps de le diffuser sous forme de tracts et de discuter avec les gens à qui nous le distribuons à des endroits opportuns. Le nombre des signataires dépasse aujourd’hui les cinq cents. De nombreux emails et quelques courriers postaux nous sont parvenus pour nous encourager ou nous remercier, nous soutenir ou nous rejoindre. Le texte circule largement et, ici ou là, soulève le débat. Nous avons par conséquent reçu des critiques, positives et négatives, qu’il nous semble important de relever avant les journées de rencontres nationales prévues les 12 et 13 janvier 2013 à Montreuil (avec la présence sous réserve de Bono), qui seront un moment de discussions entre divers travailleurs de l’ensemble de la chaîne du livre, ou avec des lecteurs. Lors de ces journées, des ateliers présenteront des exposés préparés en amont sur les thèmes que nous avons retenus.
Aussi la réponse aux critiques qui suit n’est-elle qu’un document de travail intermédiaire, soumis à discussions et à réactions, qui trace à grands traits quelques pistes de réflexion dont nous discutons actuellement. Nous savons que pour beaucoup, tout cela a déjà été pensé par d’autres, nous savons que des expériences de regroupements autour des problématiques du livre ont déjà existé, et nous savons surtout que nous ne détenons aucune certitude dogmatique sur les sujets auxquels nous nous confrontons. Nous sommes à la fois en train de travailler et de réfléchir à notre travail, c’est-à-dire que nous tentons d’élaborer une pensée collective – par zigzags. Nous attendons de nouvelles critiques au texte qui suit : nous sommes à la recherche de nouveaux mots.

***

1 / L’objet livre

 

Une des dimensions essentielles du livre est d’être une marchandise, dont la pensée fournit la matière première. Il est conçu, produit, assemblé, façonné, diffusé, distribué, vendu, acheté, à partir de ce que ses auteurs et éditeurs ont pensé : et cela peut aller de la recette de cuisine à la théorie phénoménologique en passant par quelques rimes en vers. Il est ensuite fabriqué avec des machines et des ordinateurs, imprimé avec de l’encre chimique sur du papier issu de forêts. On en fait la publicité. On le vend neuf. On l’échange, on le vole, on spécule dessus. On le revend d’occasion. Puis il est pilonné et recyclé, et on le revend encore. Comme toutes les marchandises, le livre est ainsi inscrit dans notre société capitaliste et il génère autant de valeur qu’il crée de souffrance.

 

Un des mythes persistants que nous voulions contester avec l’Appel des 451 tient donc dans l’illusion courante selon laquelle les idées seraient détachées de l’économie et s’agiteraient dans un monde éthéré, déconnecté du réel. Or, lorsqu’une idée sort du champ intime et privé, elle devient objet, susceptible d’être transformée, diffusée et négociée selon des modes artisanaux ou industriels, dans des économies mondialisées ou en circuit court. C’est notamment pour appuyer une réflexion sur la réappropriation des savoir-faire dans laquelle s’inscrivent les productions intellectuelles que nous avons comparé le livre à une tomate.
En effet, il y a un parallèle saisissant entre l’histoire de la production agricole et celle du livre : on retrouve les mêmes processus de massification, de baisse de la qualité, d’aristocratie du goût, et de monopolisation dans les deux secteurs. La chaîne du livre est, par exemple, aujourd’hui articulée autour de la question de la distribution, secteur décisif qui impose souvent ses intérêts aux autres acteurs, en amont (éditeurs) et en aval (libraires) ; situation qui rappelle celle mieux connue des grandes chaînes de distribution agroalimentaires, de légumes ou de lait par exemple, qui ont peu à peu conduit à une dépossession pour les paysans des choix relatifs à leur production et à une concentration des lieux de vente.
Le parallèle vaut aussi pour la situation de surproduction de livres, dont la quantité démesurée d’unités fabriquées pour un même titre dépend non pas des estimations de vente, mais d’une volonté de saturation du marché. Chez les principaux éditeurs, on sait, avant la mise en rayon, qu’une grande partie de la production est destinée au pilon.
De plus, le délai de deux mois accordé aux libraires pour payer les distributeurs, ceux de trois mois aux distributeurs pour payer les éditeurs, et la possibilité de retour des invendus, font que les livres sont produits et diffusés selon les discours de présentation (tantôt sincères tantôt publicitaires) des représentants commerciaux en librairie, ou selon la notoriété de l’auteur – rarement selon une lecture effective des titres. Enfin, la tendance des éditeurs à payer d’importants à-valoir aux auteurs à succès avant la rédaction, ou bien de ne pas payer les auteurs débutants, implique une production de titres dont la pertinence est structurellement incertaine. Tout cela montre que l’argent qui circule dans le monde du livre tend à se financiariser, à se fonder sur le crédit et une économie immatérielle détachée des chiffres réels de vente et de la qualité des ouvrages publiés.
La chaîne du livre, (depuis la production d’idées jusqu’à son commerce, en passant par la fabrication de l’objet-livre) est ainsi soumise aux logiques du management dénoncées ailleurs, guidées par le profit et l’idéologie de la croissance. Elle peut par conséquent être accompagnée des mêmes horreurs économiques que, par exemple, les industries pétrochimiques ou agroalimentaires. Par rapport à cette situation, certaines personnes et quelques rares enseignes tentent soit de résister, soit de s’organiser pour exercer un métier dans des conditions qui ne cèdent pas à la barbarie ambiante. Rien ne sert de vouloir opposer petits gentils et grands méchants, les pratiques sont variées et on ne peut circonscrire la valeur d’un livre à son origine. Un très bon titre peut être produit selon des méthodes industrielles et un autre médiocre par une petite maison indépendante avec une imprimerie de quartier. Cependant, si la qualité des idées et des argumentations, ou si la beauté d’un texte ne sont pas fonction de leur support, il nous semble pertinent d’évaluer les différents modes de production et de les mettre en rapport avec les idées qu’ils diffusent.
Au lieu de nous contenter de lire et d’écrire sur les méfaits du capitalisme à l’extérieur des pages d’un livre, nous avons donc voulu nous mettre en disposition d’agir sur ces nuisances à même la production de livres. Nous cherchons à prendre conscience de notre place dans la société moderne, en pensant à notre production et à nos manières de faire : réfléchir par exemple à la façon dont un essai contre le capitalisme s’insère dans le capitalisme. De là, nous proposons de renverser cette idée reçue qui voudrait que seul le message contenu dans un écrit compte, peu importe comment il est diffusé, peu importe son contenant. Vivant dans un monde où les idées sont confusément mélangées, les valeurs relativisées et les discussions dépolitisées, nous nous posons la question suivante : est-ce qu’aujourd’hui la manière de produire un livre ne compte pas plus, ou autant, que les idées qu’il contient ? Ou pour le dire autrement, pourquoi semble-t-il à ce point accessoire de mettre en cohérence medium et media dans la production d’un livre ?

(…)

La suite est à télécharger ici :

Querelle des modernes [Lecture écran ou page par page]

Querelle des modernes [Cahier imprimable]
La brochure est mise en page dans l’ordre de la reliure et non de la lecture, c’est-à-dire que la première page fait face à la dernière, etc. Pour les assembler, il vous faut les imprimer directement en recto/verso si votre imprimante permet de le faire dans le bon désordre (faîtes un essai), ou bien alors tirez chaque page, puis photocopiez les en recto/verso en mettant les pages tête-bêche : le texte toujours vers vous mais un coup vers le haut (numéro de page en bas, image dans le bon sens), un coup vers le bas (numéro de page en haut, image à l’envers) et etc. C’est trop fastoche.

 

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Appello dei 451 (La Reppublica, italiano)

SALVIAMO I LIBRI DAL MERCATO 2.0

Appello dei 451

 
Noi, il collettivo dei 451 professionisti della filiera editoriale, abbiamo cominciato a riunirci da qualche tempo per discutere della situazione presente e futura delle nostre attività.

Prigionieri di un’organizzazione sociale che separa i compiti, partiti da un sentimento comune – fondato su esperienze diverse – di una degradazione del modo di leggere, produrre, condivideree vendere libri, riteniamo oggi che il problema non sia limitato a questo settore e cerchiamo soluzioni collettive a una situazione sociale che ci rifiutiamo di accettare.

L’industria del libro vive in gran parte grazie alla precarietà che molti dei suoi lavoratori accettano, per necessità, passione o impegno politico. Mentre queste persone si sforzano di diffondere idee o immagini capaci di spiazzare i nostri punti di vista sul mondo, altri hanno capito perfettamente che il libro è soprattutto una merce con cui è possibile accumulare profitti consistenti.

Capaci sia di appropriarsi dei grandi principi di indipendenza o democrazia culturale che di praticare battage pubblicitari in grande stile, sfruttamento salariale e diversità del monopolio, i vari Leclerc, Fnac, Amazon, Lagardère e altri grandi gruppi finanziari vogliono farci perdere di vista una delle dimensioni essenziali del libro: quella di legame, di incontro. Nel frattempo, che si tratti di professioni con un proprio riconoscimento simbolico o di lavoretti indispensabili in qualunque filiera economica, culturale e sociale, i diversi mestieri del libro vengono squalificati e rimpiazzati da operazioni tecniche che è inconcepibile fare con calma.

L’industria del libro ha bisogno solo di consumatori impulsivi, networkers di opinioni e altri interinali malleabili? Molti di noi si trovano arruolati in logiche commerciali, privati di qualsiasi pensiero collettivo o prospettive di emancipazione sociale, oggi drammaticamente assenti dallo spazio pubblico.

Vincolata al criterio del successo, la produzione di saggi, di letteratura o di poesia si impoverisce, i cataloghi delle librerie o delle biblioteche si esauriscono.

Il valore di un libro diventa legato alle cifre di vendita e non al contenuto. Ben presto si riuscirà a leggere solo quello che funziona.

Ora, mentre l’amministratore delegato di Amazon, Jeff Bezos, dichiara che «oggi le uniche persone indispensabili nel mondo dell’editoria sono il lettore e lo scrittore», certe persone continuano a lavorare con libri, librerie, stamperie, biblioteche e case editrici a dimensione umana.

Siamo decisi a resistere, ma siamo accerchiati, come la stragrande maggioranza, dall’informatizzazione dilagante, dalle logiche manageriali e dalla difficoltà ad arrivare alla fine del mese.

E oltre a questo siamo anche imbarcati in un processo di pseudo-democratizzazione della cultura, che continua a farsi dal basso e si riduce all’impoverimento e all’uniformazione delle idee e degli immaginari per corrispondere al mercato e alla sua razionalità. Storditi, cerchiamo di restare al passo, barcamenandoci tra programmi software, ordini online, correttori ortografici, delocalizzazioni, valanghe di novità insulse, minacce delle banche, aumento degli affittie digitalizzazioni selvagge.

Ma non riusciamoa rassegnar ci a ridurre il libro e il suo contenuto a un flusso di informazioni digitali cliccabili fino alla nausea: quello che produciamo, condividiamo e vendiamo è prima di tutto un oggetto sociale, politico e poetico. Perfino nel suo aspetto più umile, di divertimento o di piacere, vogliamo che resti circondato da esseri umani.

Rigettiamo con fermezza il modello di società che ci viene proposto, a metà strada fra lo schermoe un centro commerciale, con i suoi bip-bip, le sue luci al neon e i suoi auricolari crepitanti, e che sta conquistando qualsiasi professione. Perché, pensando all’attualità dei mestieri del libro, pensiamo anche a tutti coloro che vivono situazioni troppo simili per essere aneddotiche. I medici segmentano i loro atti per contabilizzarli meglio, gli assistenti sociali si sfiniscono a compilare griglie di valutazione, i carpentieri non possono più piantare un chiodo se non glielo ordina un computer, i pastori sono obbligati a dotare le loro pecore di chip elettronici, i meccanici ubbidiscono alle loro strumentazioni elettroniche e nelle scuole sta per arrivare la cartella elettronica. La lista è talmente lunga che dobbiamo unirci per arrestare l’avanzata di questa macchina del progresso cieco. Invece di aspettare la prossima misura di rigore europea o l’ennesimo attacco del ministero della cultura contro la filiera editoriale, preferiamo organizzarci da subito.

Per esempio trovando alternative, creando cooperative e centrali di acquisto, unendoci per ottenere condizioni salariali migliori, o ancora inventando luoghi e pratiche più adatti alla nostra visione del mondo e alla società in cui desideriamo vivere.

È proprio perché abbiamo una chiara percezione delle proporzioni del disastro in corso che siamo ottimisti: tutto è da costruire.

Per iniziare vogliamo smettere di darci eternamente la colpa a vicenda e farla finita con la rassegnazione e il disfattismo diffusi.

Per questo lanciamo un appello a tutti coloro che hanno interesse a incontrarsi per scambiare idee sulle nostre difficoltà e i nostri bisogni, sui nostri desideri e i nostri progetti. L’appello, apparso su Le Monde, è stato firmato da 451 intellettuali tra cui Agamben, lo scrittore Michel Butel e l’editore Maurice Nadeau. La lista completa è su les451.noblogs.org

(Traduzione di Fabio Galimberti)

Paru dans La Reppublica

 

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